Si votre enfant montre des signes comme une peur de l’école, des douleurs inexpliquées ou un isolement soudain, n’attendez pas. Écoutez-le avec bienveillance, contactez rapidement l’école, notez tous les faits et appelez le 3018 pour être guidé.
Sommaire
Une plainte peut être déposée jusqu’à 6 ans après les faits si la situation ne s’améliore pas.
Le harcèlement scolaire
Le harcèlement scolaire regroupe des actes répétés (moqueries, insultes, violences physiques ou isolement) qui visent un élève. Il peut se produire dans la cour, en classe, dans les transports, ou même en ligne via les réseaux sociaux.
Ces comportements dégradent la santé mentale de l’enfant, affectent sa scolarité et son estime de soi.
Aujourd’hui, environ 5 à 10 % des élèves sont touchés selon les chiffres du Ministère de l’Éducation nationale. Les périodes les plus à risque ? La fin de l’école primaire et le collège, là où les repères changent rapidement.
Reconnaître les signes que votre enfant est victime
Les enfants victimes n’osent pas toujours parler.
Ils peuvent avoir peur de ne pas être crus, de subir des représailles, ou de « gêner ». C’est donc à vous d’être attentif aux signaux d’alerte.
Un refus d’aller à l’école ou des maux de ventre récurrents le matin peuvent être des signes de mal-être. Une chute des notes, des retards inhabituels ou du matériel perdu régulièrement peuvent également vous alerter.
Soyez aussi attentif à son comportement social : s’il s’isole, s’il évite ses amis ou ne participe plus à des sorties, cela peut être révélateur.
Le cyberharcèlement, lui, se manifeste par un usage excessif ou, au contraire, une soudaine coupure des réseaux sociaux. Votre enfant peut recevoir des messages violents ou humiliants sur Snapchat, Instagram ou par SMS. Dans ce cas, discutez avec lui et demandez-lui de vous montrer les captures d’écran, sans le juger.
Comment en parler avec votre enfant sans le braquer
L’une des erreurs les plus fréquentes est de poser une question directe du type : « Est-ce qu’on t’embête à l’école ? » Cela peut fermer la discussion, surtout si votre enfant a honte ou se sent coupable.
Commencez plutôt par une approche indirecte : « J’ai entendu dire que certains élèves vivaient des choses difficiles à l’école… Est-ce que ça te parle ? » L’objectif est de créer un climat de confiance.
Évitez aussi les phrases comme « Tu devrais te défendre » ou « Il faut t’imposer ». Cela peut faire porter la responsabilité sur l’enfant. Rassurez-le en lui disant qu’il n’est pas seul, que vous le croyez et que ce qu’il vit n’est pas normal.
Que faire concrètement ?
Notez les faits (dates, lieux, personnes impliquées). Si le harcèlement est en ligne, faites des captures d’écran. Ces éléments serviront de base pour agir auprès de l’école, voire pour porter plainte plus tard si nécessaire.
Ensuite, contactez l’école. Demandez un rendez-vous avec le professeur principal, le CPE ou la direction.
Expliquez calmement la situation, documents à l’appui, et demandez quelles actions concrètes seront mises en place pour protéger votre enfant.
S’il y a déjà eu des incidents graves ou si l’école ne réagit pas, vous pouvez contacter l’inspection académique. Cette démarche est gratuite, et peut se faire par courrier ou en ligne.
En parallèle, vous pouvez appeler le 3018, un numéro national d’aide aux victimes de harcèlement scolaire. Il est gratuit, anonyme et disponible 7 jours sur 7.
En cas d’inaction de l’établissement ou de faits graves, vous pouvez déposer une plainte auprès de la police, de la gendarmerie ou par courrier au procureur de la République. Le délai légal pour porter plainte est de 6 ans. Un modèle de lettre est disponible sur Service-Public.fr.
Les démarches à entreprendre
| Étape | Ce que vous pouvez faire |
|---|---|
| Observer les signes | Maux de ventre, isolement, stress, baisse des notes |
| Dialoguer avec votre enfant | Utiliser des questions ouvertes et rassurantes |
| Consigner les faits | Dates, noms, lieux, captures d’écran pour preuves |
| Contacter l’école | Demander un rendez-vous et des mesures de protection |
| Utiliser les ressources | Appeler le 3018, consulter le Programme Phare |
| Suivre l’évolution | Rester en lien avec l’école et s’assurer que la situation évolue |
| Déposer plainte si besoin | Délai de 6 ans, possibilité de le faire au commissariat ou par courrier |
Le rôle de l’école et le programme « Phare »
Chaque établissement est censé avoir une politique de prévention contre le harcèlement (référents, des formations pour les enseignants et parfois des élèves ambassadeurs).
Depuis 2022, le programme « Phare » (Pour prévenir le harcèlement à l’école) a été déployé dans toutes les écoles et collèges. Il prévoit des actions régulières pour sensibiliser et détecter les cas de harcèlement. Renseignez-vous auprès de l’école pour savoir si ce programme est appliqué et comment.
Si vous sentez que l’équipe éducative n’est pas suffisamment formée ou investie, n’hésitez pas à écrire à l’inspection académique. C’est un levier d’action légitime.
Accompagner son enfant émotionnellement
Votre enfant a besoin d’un espace sécurisé pour parler, se reposer et retrouver confiance. Même si la situation s’améliore à l’école, l’impact psychologique peut durer. Ne minimisez pas les émotions qu’il exprime.
Proposez-lui des activités où il se sent compétent : sport, dessin, musique… Cela peut restaurer son estime personnelle.
Si vous sentez que son mal-être persiste, consultez un psychologue. Les consultations sont partiellement remboursées si vous passez par un médecin généraliste.
Un rendez-vous chez un professionnel coûte entre 50 et 70 euros. Renseignez-vous auprès de votre mutuelle pour connaître les prises en charge disponibles.
Attention au cyberharcèlement
Le harcèlement en ligne est en forte augmentation. Il peut continuer à la maison, là où l’enfant devrait se sentir en sécurité. Apprenez-lui à sécuriser ses comptes, à ne pas répondre aux messages haineux et à bloquer les utilisateurs problématiques.
Montrez-lui comment signaler un contenu sur Instagram, TikTok ou Snapchat. Sur YouTube, par exemple, vous pouvez cliquer sur les trois points à côté d’un commentaire pour le signaler.
Et n’oubliez pas que le cyberharcèlement est puni par la loi, tout comme les violences physiques.
Adapter son accompagnement au fil du temps
Chaque situation évolue. Soyez prêt à ajuster votre attitude. Certains enfants auront besoin de soutien quotidien, d’autres se renfermeront. Restez présent, même si votre enfant ne vous parle pas tout de suite.
Gardez le contact avec l’école pour savoir si la situation s’est stabilisée. Ne relâchez pas votre vigilance après un premier signalement : certaines formes de harcèlement reprennent après une accalmie.
FAQ
Comment savoir si mon enfant est harcelé ?
Observez son comportement : peur d’aller à l’école, stress, troubles du sommeil, isolement social ou chute des résultats sont des signes fréquents. Discutez avec lui de façon bienveillante et ouverte.
À qui s’adresser en premier ?
Commencez par contacter l’école. Prenez rendez-vous avec un enseignant, le CPE ou la direction. Si vous n’obtenez pas de réponse satisfaisante, écrivez à l’inspection académique.
Que faire si l’école ne fait rien ?
Vous pouvez contacter l’inspection académique ou déposer plainte auprès de la police ou du procureur. Conservez tous les éléments de preuve : témoignages, messages, photos.
Qu’est-ce que le programme « Phare » ?
C’est un dispositif lancé par l’Éducation Nationale pour prévenir et traiter les situations de harcèlement à l’école. Il propose des outils concrets et des formations pour les équipes éducatives. Demandez à l’école comment il est mis en place localement.