Malgré de bons résultats en 2023 (revenus en hausse, dividende généreux), l’action Orange stagne à cause d’une dette importante (27 milliards d’euros), de rendements obligataires élevés, de faibles gains par salarié, de notations d’analystes peu favorables et d’un retrait de la Bourse de New York. Tous ces éléments freinent la confiance des investisseurs malgré des signaux financiers solides.
Sommaire
Des résultats solides… qui ne suffisent pas à rassurer
Orange a pourtant annoncé une progression de son chiffre d’affaires de 1,8 % en 2023, atteignant 44,122 milliards d’euros. L’EBITDAaL (une mesure de la rentabilité) a également grimpé de 1,3 %, à 13 milliards d’euros, et le cash-flow libre a dépassé les attentes avec 3,661 milliards d’euros, un bond de près de 20 %. Un dividende de 0,72 € par action a été confirmé, ce qui représente un rendement d’environ 8 %, bien supérieur à la moyenne du marché.
Cela pourrait faire penser que l’action devrait naturellement grimper. Mais ce n’est pas le cas.
Et ce décalage entre résultats et valorisation boursière a plusieurs explications bien concrètes.
Une dette massive qui pèse lourd
L’un des freins majeurs à la hausse de l’action Orange, c’est sa dette financière nette de 27 milliards d’euros.
C’est énorme pour une entreprise de cette taille.
Cela se traduit par des obligations à 5,99 % pour celles à échéance 2044. Ce rendement élevé est une façon pour le marché de dire : « prêter à Orange, ça reste risqué ».
Pour un investisseur, cela envoie un signal d’alerte, car plus une entreprise est endettée, plus elle devra affecter ses revenus à rembourser, plutôt qu’à se développer ou à rémunérer ses actionnaires. Même si la direction semble tenir la barre, ce niveau d’endettement reste un vrai frein à la valorisation de l’action.
Si vous souhaitez investir dans Orange, regardez bien le ratio dette / EBITDAaL : à 2,05x, il reste raisonnable mais sous surveillance. Il serait sain qu’il se rapproche des 1,5x pour rassurer davantage les marchés.
Des gains par salarié faibles pour un groupe de cette taille
Les revenus par salarié sont autour de 317 240 € et le revenu net par salarié tombe à 15 490 €. Cela peut paraître élevé, mais dans le secteur, ce sont des niveaux relativement bas.
Ces chiffres laissent penser que l’entreprise a du mal à générer de la valeur à partir de ses effectifs. Cela soulève des questions sur l’organisation interne et les leviers d’efficacité.
Si vous êtes investisseur long terme, demandez-vous si des réformes internes sont prévues. Et surtout, surveillez les annonces liées à l’automatisation, aux fusions d’activités ou aux gains d’échelle en Europe.
Des analystes qui restent sceptiques
Beaucoup d’analystes ne croient pas à une hausse rapide du cours !
Sur des plateformes comme TradingView ou WallStreetZen, plusieurs voix influentes, comme celles de Barclays, recommandent de vendre l’action Orange. Le consensus général est neutre, mais les perspectives données par les analystes restent prudentes, voire négatives.
Même si les résultats sont bons, si les experts doutent de la capacité d’Orange à croître ou à s’adapter, les investisseurs institutionnels hésitent à acheter.
Le retrait de la Bourse de New York : un signal mal interprété
En septembre 2024, Orange a annoncé son retrait de la NYSE (New York Stock Exchange). Officiellement, il s’agissait de simplifier la gestion administrative de la cotation double.
Mais dans les faits, cela a envoyé un signal mal perçu : celui d’un désengagement du marché américain, donc potentiellement d’une perte de visibilité auprès des gros investisseurs internationaux.
Même si cela n’affecte pas directement les fondamentaux de l’entreprise, ce genre de décisions a un effet psychologique.
Moins de visibilité veut dire aussi moins de liquidité sur le titre, ce qui peut décourager certains fonds de s’y intéresser.
Une volatilité historique qui refroidit les ardeurs
L’action Orange a un passé mouvementé. À son pic en 2000, elle valait près de 190 €, avant de chuter à moins de 6 € en 2002. Aujourd’hui, elle évolue autour des 10 à 11 €, loin de ses sommets.
Même si sa volatilité récente est faible (bêta de 0,24, soit peu de variations par rapport au marché), ce passé pèse dans les esprits. Les investisseurs particuliers comme institutionnels préfèrent des titres avec une trajectoire plus linéaire.
Pour ceux qui souhaitent se positionner sur une valeur défensive, Orange peut rester intéressant, mais pour le dividende que pour l’espoir d’un gros gain en capital à court terme.
Une performance mitigée face au marché
Quand on compare Orange au secteur, le constat est contrasté.
Sur un an, les télécoms françaises ont progressé de 27,1 %, selon Simply Wall St, alors qu’Orange n’a pas suivi cette dynamique. Elle a tout de même fait mieux que le CAC 40, en baisse de -6 % sur la même période.
L’entreprise ne détruit pas de valeur, mais elle n’en crée pas suffisamment non plus. C’est typiquement ce qu’on appelle une valeur de rendement, plutôt qu’une action de croissance.
Un dividende attractif, mais qui ne suffit pas
Un rendement de 8 %, c’est élevé. Cela attire les profils d’investisseurs en quête de revenus réguliers. Mais cela peut aussi être vu comme un signal d’alerte : un dividende trop généreux par rapport au cours peut signifier que le marché anticipe des risques futurs.
Regardez le payout ratio, (la part des bénéfices consacrée au versement du dividende).
Si ce ratio est trop élevé, l’entreprise ne garde presque rien pour investir, innover ou faire face à des imprévus. Pour Orange, ce ratio est raisonnable, mais à surveiller si les marges venaient à se dégrader.
Élément analysé | Données clés | Impact potentiel sur l’action |
---|---|---|
Revenus 2023 | 44,122 milliards € (+1,8 %) | Positif |
EBITDAaL | 13 milliards € (+1,3 %) | Positif |
Dette financière nette | 27 milliards € | Négatif |
Rendement dividende | Environ 8 % | Positif mais à double tranchant |
Revenu net par salarié | 15 490 € | Négatif |
Notations analystes | Majoritairement « Vendre » ou « Neutre » | Négatif |
Désengagement de la NYSE | Septembre 2024 | Négatif |
Volatilité historique | Pic à 190 €, creux à 5,8 € | Négatif (impact psychologique) |
FAQ
Pourquoi Orange a quitté la Bourse de New York ?
Pour simplifier sa structure et réduire la charge administrative. Cette décision n’est pas liée à des problèmes financiers mais peut nuire à sa visibilité auprès des investisseurs internationaux.
L’action Orange est-elle un bon placement ?
Cela dépend de votre objectif. Si vous cherchez un revenu régulier via les dividendes, pourquoi pas. Pour de la croissance rapide, il faudra regarder ailleurs.
Est-ce que la dette d’Orange est inquiétante ?
Elle est élevée, oui, mais reste maîtrisée. Tant que les taux d’intérêt ne flambent pas et que la rentabilité suit, la situation reste sous contrôle.
Faut-il craindre une baisse du dividende ?
Pour le moment, rien ne l’indique. Orange semble tenir à récompenser ses actionnaires. Mais tout dépendra de l’évolution de ses marges et de la conjoncture.