Le CAFERUIS (Certificat d’Aptitude aux Fonctions d’Encadrement et de Responsable d’Unité d’Intervention Sociale) attire de nombreux professionnels du secteur social et médico-social.
Sommaire
On vous explique en toute transparence ce qui rend cette formation exigeante, mais aussi ce qui peut vous aider à la réussir, avec des témoignages, des données concrètes, et des conseils pratiques pour mieux anticiper le parcours.
Le CAFERUIS est exigeant, mais faisable avec un bon cadre de travail et un réseau de soutien.
La charge de travail est dense, l’évaluation est rigoureuse (notamment le mémoire), et les exigences théoriques transversales. Toutefois, un bon accompagnement, des stages bien choisis et une forte motivation permettent de réussir, même sans parcours typique.
Une formation professionnalisante, mais très dense
Le CAFERUIS ne se contente pas de transmettre des savoirs. Il s’agit d’une formation à la posture de cadre dans le secteur social ou médico-social.
Cela implique de mobiliser des compétences managériales, juridiques, organisationnelles et relationnelles en simultané.
La durée minimale de la formation est de 420 heures, auxquelles s’ajoutent 210 heures de stage et un travail personnel conséquent, notamment pour la rédaction du mémoire.
D’après une enquête menée en 2021 par le Réseau UNAFORIS, près de 70 % des stagiaires estiment que le rythme de formation est “élevé” à “très élevé”.
Et pour cause…
Les modules abordent de multiples champs : gestion des ressources humaines, droit du travail, méthodologie de projet, management d’équipe, analyse des politiques sociales…
Le mémoire de certification exige un travail analytique poussé et une capacité à prendre du recul sur ses pratiques professionnelles.
Un changement de posture qui bouscule
Ce qui rend le CAFERUIS plutôt difficile, ce n’est pas seulement l’accumulation de savoirs, mais le changement de regard qu’il impose.
On ne vous forme pas simplement à appliquer des procédures : on vous demande de vous positionner comme cadre, de penser en termes d’organisation, de management, de responsabilité, même si vous venez d’un métier du terrain.
Comme le souligne une étudiante de la promo 2020 de l’EPSS :
« Le plus dur, ce n’est pas le contenu des cours, c’est de passer de salarié à cadre. C’est une vraie révolution. »
Ce glissement identitaire peut déstabiliser, surtout lorsqu’on intègre la formation après plusieurs années d’expérience « sur le terrain ».
Dans cette formation, on y croise des éducateurs spécialisés, des assistants de service social, des coordinateurs, mais aussi des personnes sans emploi. Ce brassage enrichit les discussions, mais demande aussi de se positionner en permanence.
Pour réussir cette transition, il est fortement recommandé de :
Trouver un tuteur ou un mentor expérimenté dans votre structure d’accueil. Il ou elle doit être disponible pour des échanges réguliers sur vos réflexions, vos doutes, vos orientations.
Prendre part à des groupes d’analyse de pratiques ou des groupes de pairs entre stagiaires.
Ne pas hésiter à changer de stage si celui-ci ne vous permet pas de vous projeter dans une fonction d’encadrement.
À savoir : La formation repose sur la validation de 4 blocs de compétences selon le référentiel national. Elle est diplômante et reconnue au niveau 6 (équivalent Bac+3/+4). Le CAFERUIS n’est pas universitaire : la posture de recherche y est liée à l’action, à l’analyse du réel et aux pratiques professionnelles.
Une évaluation rigoureuse, centrée sur le mémoire
L’un des éléments les plus redoutés par les candidats au CAFERUIS, c’est le mémoire professionnel. Et pour cause : c’est l’épreuve centrale, celle qui conditionne l’obtention du diplôme.
Il s’agit d’un travail d’analyse approfondi sur une problématique de terrain, en lien avec les fonctions d’encadrement. Il mobilise à la fois :
des références théoriques (sciences sociales, droit, gestion…)
des données issues de votre expérience de stage ou professionnelle
une capacité à proposer des pistes d’amélioration ou des actions concrètes
Comme le rappelle Christine, diplômée en 2016 :
« Le jury pour le mémoire est implacable. La formation seule ne suffit pas pour réussir. »
En pratique, il faut apprendre à :
formuler une question précise et adaptée au niveau attendu
justifier ses choix méthodologiques
croiser théorie et pratique de façon pertinente
Le jury final peut être composé de professionnels du secteur, parfois extérieurs à votre établissement de stage. Leur regard est exigeant, mais il vise à garantir que vous êtes prêt à exercer une responsabilité de coordination ou d’encadrement.
Des stages parfois complexes à trouver… mais essentiels
Le stage est un levier majeur de professionnalisation, mais aussi l’une des grandes difficultés du CAFERUIS.
Officiellement, un stage de 6 semaines est exigé, mais beaucoup de candidats choisissent d’en faire davantage, pour pouvoir diversifier leurs expériences ou approfondir leur sujet de mémoire.
Or, trouver un stage qui réponde aux critères du diplôme peut s’avérer compliqué, surtout pour les personnes en reconversion ou sans réseau professionnel établi.
Le terrain doit permettre d’observer, voire d’exercer, des fonctions d’encadrement ou de coordination, ce qui suppose :
un cadre référent disponible et formé à l’accueil de stagiaires
des situations propices à l’analyse de la dynamique d’équipe, de la gestion RH, des projets de service…
Exemple : Dans certaines écoles comme l’EPSS, les stagiaires peuvent compter sur le réseau interne pour décrocher un terrain de stage. Alicia, stagiaire CAFERUIS 2020, témoigne :
« On a pu s’entraider pour trouver nos stages, grâce aux échanges entre promotions. Le réseau de l’école nous a clairement facilité la tâche. »
Pour éviter les déconvenues :
Commencez vos recherches dès votre entrée en formation, voire avant
Ciblez des structures du secteur social ou médico-social qui accueillent déjà des cadres intermédiaires : MECS, CHRS, services d’aide à domicile, EHPAD, etc.
Contactez les anciens diplômés de votre établissement : beaucoup acceptent d’accompagner des stagiaires
Privilégiez un stage où l’équipe de direction est impliquée dans la formation des futurs cadres. Certaines structures valorisent l’accueil de stagiaires CAFERUIS dans leur politique RH. Demandez-leur si elles ont déjà accompagné ce type de profil.
Des profils variés, des réalités différentes
On y retrouve des éducateurs spécialisés, des assistants sociaux, des coordinateurs, mais aussi des professionnels en reconversion ou ayant quitté leur poste. Cette diversité est une richesse pédagogique, mais elle peut aussi accentuer le sentiment de décalage, surtout en début de formation.
Chaque stagiaire entre avec son bagage : certains maîtrisent déjà les notions de droit social ou de conduite de projet, tandis que d’autres doivent tout découvrir. Cela crée des rythmes d’apprentissage inégaux, que les formateurs s’efforcent d’harmoniser.
À l’EPSS par exemple, les formateurs sont issus du terrain, ce qui leur permet d’adapter les contenus à la réalité professionnelle. Comme le rappelle Alicia, stagiaire en première année :
« Ce sont des professionnels qui savent de quoi ils parlent. Ils nous transmettent des outils qu’on pourra réellement utiliser sur le terrain. »
Si vous venez d’un poste d’éducateur, par exemple, le CAFERUIS vous demandera de sortir de votre zone de confort : on vous demandera moins d’agir que de structurer, de penser stratégie, d’anticiper.
Cela peut être déroutant au départ, mais les compétences relationnelles acquises sur le terrain sont de véritables atouts dans la posture d’encadrant.
Alors, le CAFERUIS est-il fait pour vous ?
La réponse dépend de vos attentes, de votre posture actuelle, et surtout de votre engagement.
La formation CAFERUIS n’est pas inaccessible, mais elle demande :
de revoir ses habitudes professionnelles
de produire des écrits réflexifs de niveau supérieur
de s’approprier des savoirs théoriques et des outils de gestion
de s’engager dans une dynamique d’équipe, parfois en parallèle d’un emploi
Cela dit, elle offre aussi des perspectives concrètes :
📈 83 % des diplômés trouvent un poste de cadre dans l’année qui suit la formation, selon les données de l’ANFH. Les salaires d’embauche pour les cadres intermédiaires dans le médico-social tournent autour de 2 500 à 2 800 € bruts mensuels, selon la convention collective appliquée (CCN 66, CCN 51, etc.).
Si vous aimez coordonner, transmettre, organiser, et que vous souhaitez faire évoluer vos pratiques, le CAFERUIS peut vous ouvrir de belles portes.
Mais n’y allez pas en touriste. Préparez-vous, renseignez-vous, échangez avec d’anciens stagiaires.
Vous pouvez consulter des forums comme LeSocial.fr, ou demander directement à des écoles comme l’IRTS, l’EPSS ou l’ARIFTS s’ils organisent des réunions d’information ou des journées portes ouvertes.