Un dentiste peut-il délivrer un arrêt de travail ?
Lorsqu’une douleur dentaire devient insupportable ou qu’une intervention laisse des suites difficiles, beaucoup se demandent si un dentiste peut prescrire un arrêt de travail. La réponse est oui, dans certaines conditions bien précises.
Ce droit, encadré par la loi, reste pourtant peu connu. Pourtant, cela peut éviter des situations à risque, notamment après une extraction ou une infection importante.
Sommaire
Un chirurgien-dentiste est habilité à prescrire un arrêt de travail temporaire si l’état de santé de son patient le justifie, notamment après une intervention chirurgicale ou en cas de douleurs invalidantes. L’arrêt est généralement de courte durée (1 à 3 jours). Pour des arrêts prolongés, un relais avec un médecin généraliste est souvent recommandé.
Le chirurgien-dentiste : un professionnel de santé reconnu par la loi
Un chirurgien-dentiste ne s’occupe pas uniquement de caries ou de détartrage. Son champ d’intervention est médical, chirurgical et légalement encadré. Depuis la loi n°2019-774 relative à l’organisation et à la transformation du système de santé, son rôle dans le parcours de soin a même été renforcé.
Selon l’article L. 162-4-1 du Code de la sécurité sociale, un arrêt de travail peut être prescrit par tout professionnel de santé habilité à poser un diagnostic médical. C’est le cas des chirurgiens-dentistes.
En clair, un dentiste peut :
Évaluer une situation clinique d’urgence ou post-opératoire
Délivrer un arrêt maladie s’il estime que la poursuite de l’activité professionnelle nuit à la récupération
Il ne s’agit donc pas d’un « petit papier de complaisance », mais d’une prescription médicale fondée sur un diagnostic objectif, au même titre qu’un médecin généraliste.
👉 Pour les professionnels en arrêt, l’assurance maladie reconnaît ces arrêts comme légitimes et indemnisables, si toutes les conditions sont remplies (assurance, délais, etc.).
Dans quelles situations un dentiste peut-il prescrire un arrêt de travail ?
Il ne suffit pas d’avoir mal aux dents pour obtenir un arrêt. Le contexte médical prime.
Voici les cas les plus fréquents dans lesquels un arrêt peut être justifié :
1. Après une intervention chirurgicale lourde
Certains soins dentaires nécessitent une période de récupération :
Extraction de dents de sagesse, surtout sous anesthésie locale ou générale
Pose d’implants ou greffes osseuses
Chirurgies buccales (abcès, kystes, etc.)
Ces actes entraînent souvent des douleurs, un gonflement du visage, une gêne pour s’alimenter ou s’exprimer, rendant toute activité professionnelle difficile, surtout en public ou sur un poste à responsabilité.
Si vous avez un métier physique ou si vous êtes en contact permanent avec des clients, demandez à votre dentiste si un arrêt est nécessaire dès la planification de l’intervention.
2. En cas d’infection aiguë ou de douleur sévère
Parfois, une simple carie peut dégénérer en pulpites, abcès ou nécroses dentaires, entraînant des douleurs insupportables.
Dans ces cas-là, parler, mâcher, dormir ou se concentrer devient compliqué.
Un arrêt de travail permet alors :
Une prise en charge antibiotique correcte
Un soulagement sans pression professionnelle
Un suivi efficace avec éventuelle reprise rapide du travail
D’après une étude menée par la Fédération Dentaire Internationale (FDI), près de 35 % des douleurs dentaires aiguës impactent la performance au travail pendant plus de 24 heures.
3. Pour surveiller une complication post-opératoire
Après un acte invasif, certains patients présentent :
Des saignements prolongés
Une infection secondaire
Des douleurs chroniques
Rester sous surveillance médicale tout en étant en arrêt évite les rechutes ou les reprises prématurées.
Qui peut bénéficier d’un arrêt de travail prescrit par un dentiste ?
Tout le monde n’est pas concerné de la même manière par un arrêt de travail. Pourtant, dès lors qu’une personne exerce une activité professionnelle, un arrêt peut s’avérer nécessaire après un soin dentaire.
Cela concerne :
les salariés en contrat (CDI, CDD, intérim…)
les travailleurs indépendants
les fonctionnaires
les étudiants en stage ou alternance
les professionnels en libéral ou en micro-entreprise
Autrement dit, si votre activité est reconnue comme travail effectif, vous êtes éligible. Il faudra toutefois remplir les conditions d’ouverture de droits auprès de l’Assurance Maladie pour bénéficier d’indemnités journalières.
✅ Info à retenir :
Les arrêts prescrits par un chirurgien-dentiste sont valables et indemnisables, sous réserve que votre activité professionnelle soit déclarée et que vous remplissiez les conditions classiques (affiliation, durée de cotisation, délai de carence). Renseignez-vous sur votre situation auprès de votre CPAM ou de votre régime social (ex : SSI pour les indépendants).
Que dit la loi sur la validité de ces arrêts ?
L’article R. 4127-276 du Code de la santé publique autorise le chirurgien-dentiste à établir un certificat médical incluant un arrêt de travail si l’état clinique de son patient le justifie.
L’arrêt doit être rédigé de manière lisible, daté et signé, avec indication du nombre de jours prescrits. La télétransmission par le dentiste est vivement recommandée pour accélérer le traitement par la Sécurité sociale.
Si vous êtes travailleur non salarié, pensez à souscrire à une prévoyance santé complémentaire. Certaines mutuelles comme MAAF, Harmonie Mutuelle ou APICIL proposent des formules dès 20 € par mois, couvrant les arrêts non pris en charge par la CPAM.
Combien de jours peut durer un arrêt délivré par un dentiste ?
Un arrêt de travail prescrit par un dentiste est limité dans le temps. Son objectif est de couvrir la période de gêne ou de douleur post-opératoire, pas de se substituer à un suivi médical global.
En moyenne, les durées observées sont les suivantes :
Motif d’arrêt | Durée moyenne prescrite |
---|---|
Extraction de dents de sagesse | 1 à 3 jours |
Infection sévère | 1 à 2 jours |
Pose d’implant dentaire | 1 à 3 jours |
Complication post-opératoire | 2 à 5 jours |
Ces durées peuvent varier selon votre état général, vos antécédents médicaux ou votre type de poste.
Peut-on prolonger un arrêt prescrit par un dentiste ?
Un chirurgien-dentiste ne peut pas délivrer un arrêt de plus de quelques jours. Si l’état de santé ne s’améliore pas ou si la douleur persiste, le médecin généraliste prend le relais. Il pourra :
faire une prolongation
réévaluer la situation globale
prescrire des examens complémentaires
Anticipez si vous sentez que votre récupération est lente. Prenez rendez-vous avec votre médecin sans attendre la fin de l’arrêt initial. Cela évite toute interruption de prise en charge.